Quoi de neuf en Europe ?

Flowers and a picture are left as a tribute to Russian politician Alexi Navalny, near to the Russian Embassy in London, Sunday, Feb. 18, 2024. Navalny, who crusaded against Russian corruption and staged massive anti-Kremlin protests as President Vladimir Putin’s fiercest foe, died Friday in the Arctic penal colony where he was serving a 19-year sentence, Russia’s prison agency said. He was 47. (AP Photo/Kirsty Wigglesworth)

Mort de Navalny : la réaction des européens  

Vendredi 16 février, Alexeï Navalny est mort dans la colonie pénitentiaire de Kharp, en Arctique. Navalny avait déjà été empoisonné en 2020, alors que Poutine préparait la guerre en Ukraine. Il a fait l’objet de quatorze chefs d’accusation, placé plus de vingt-sept fois dans une cellule d’isolement, où il devait rester des journées entières debout, avant d’être expédié dans une prison au-delà du cercle polaire, comme le relate Courrier International

De nombreux·ses dirigeant·e·s européen·e·s ont réagi, en ordre dispersé, pour accuser Poutine d’être responsable de la mort de Navalny, sans pour autant en expliquer les conséquences pour le chef du Kremlin. A la Conférence de Munich sur la sécurité, iels se sont concentrés sur le besoin d’accélérer la production d’armements pour l’Ukraine. La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Danemark et l’Italie ont signé des accords bilatéraux de sécurité avec l’Ukraine. Mais comme l’explique Le Monde, des décisions tardent à être prises, par exemple concernant l’envoi de missiles de croisières allemands.

Emmanuel Macron a souligné l’« engagement » et le « courage » d’Alexeï Navalny. Olaf Scholz a lui aussi assuré qu’il avait « payé son courage de sa vie ». Pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, Vladimir Poutine « ne craint rien de plus que la dissidence de son propre peuple ». L’épouse de Navalny, Yulia Navalnaya, a été invitée lundi 19 février lors d’une réunion du Conseil des affaires étrangères (Toute l’Europe).

L’assassinat de Navalny intervient deux ans après le début de la guerre en Ukraine, au moment où la ville d’Avdiivka tombe aux mains des russes. Il marque une fois de plus un point de non-retour, démontrant que le pouvoir de Poutine est fondé sur une terreur sans limite contre ses opposants en Russie et ses voisins.

Pologne : la Commission européenne annonce un déblocage de fonds

Vendredi 23 février, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé le déblocage de 137 milliards d’euros de fonds européens pour la Pologne. Les fonds revenant à Pologne du plan de relance Next Generation EU et du Fonds de cohésion avaient été gelés en raison d’inquiétudes concernant l’état de droit.  

Le précédent gouvernement Droit et justice (PiS) avait en effet entrepris des réformes portant atteinte à l’indépendance de la justice en Pologne. La Commission avait alors établi une série d’objectifs à atteindre pour débloquer les fonds européens. Bien que la PiS ait modifié certaines lois, la Commission a longtemps considéré que les objectifs n’avaient pas été suffisamment atteints, comme l’explique Euractiv

Depuis son élection en décembre 2023, le gouvernement de Donald Tusk a travaillé afin de répondre aux exigences de l’UE. La présidente de la Commission a cette semaine salué le plan d’action du ministre polonais de la justice, Adam Bodnar. Elle a déclaré : « Nous sommes impressionnés par les efforts de la Pologne pour restaurer l’état de droit comme la colonne vertébrale de sa société », selon  ses propos rapportés dans Toute l’Europe

Ce plan d’action est constitué de neuf projets de lois, ayant pour but de restaurer l’indépendance du système judiciaire. D’après Le Monde, il concerne les statuts du Tribunal constitutionnel, du Conseil national de la magistrature, des tribunaux de droits communs ainsi que la séparation de la fonction de ministre de la justice et de chef du parquet national.

Albanie : le Parlement albanais approuve un accord migratoire avec l’Italie

Jeudi 22 février, le Parlement albanais a approuvé un accord prévu pour une durée de cinq ans, visant à retenir en Albanie des migrant·e·s secourus par les autorités italiennes dans les eaux internationales. Il est ainsi prévu que l’Albanie ouvre deux centres fermés au nord de la côte adriatique. Euractiv explique que l’Italie utiliserait ces installations pour traiter les demandes d’asiles, avant de renvoyer les migrant·e·s soit en Italie, soit dans leur pays d’origine. Par an, cela pourrait représenter 36 000 migrant·e·s par an envoyés en Albanie. 

Le Parlement albanais, dominé par le parti socialiste au pouvoir, a voté pour l’accord par 77 voix contre 0, l’opposition refusant de participer au vote. L’accord avait été signé en novembre dernier entre le premier ministre albanais, Edi Rama, et la première ministre italienne, Georgia Meloni.

Celle-ci avait alors déclaré « L’Albanie se tient aux côtés de l’Italie en choisissant d’agir comme un État membre de l’UE et en acceptant de partager un fardeau que l’Europe devrait affronter  unie […] » (Politico) . L’Albanie, ayant le statut de candidate à l’UE depuis 2014, a commencé en 2022 les négociations d’adhésion avec le Conseil de l’UE.

Selon AP News, cet accord s’inscrit dans une tendance inquiétante des pays de l’UE à regarder au-delà des frontières de l’Union pour gérer les migrations. La Commission européenne a approuvé l’accord entre l’Italie et l’Albanie, à condition qu’il ne s’applique qu’aux migrant·e·s récupéré·e·s dans les eaux internationales. Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe a quant à lui émis des préoccupations sur l’accès adéquat à la justice pour les migrant·e·s. Le Migration Policy Institute Europe exprime également des doutes quant au fonctionnement exact du processus.  

Agriculture : poursuite des protestations dans de nombreux pays européens

            A travers l’Europe, des manifestations menées par des agriculteur·ice·s se poursuivent. En France, ont notamment eu lieu des échanges chahutés entre les agriculteur·ice·s et Emmanuel Macron lors du Salon de l’Agriculture, journée au cours de laquelle le président français a annoncé son intention de mettre en place de prix planchers par filière. Se poursuivait notamment cette semaine des manifestations en Pologne, des blocages à des postes frontières entre agriculteur·ice·s d’Allemagne, de République tchèque, de Slovaquie, ou encore des affrontements entre agriculteur·ice·s espagnol.e.s et la police, parmi les événements recensés par Euronews.  

Malgré que le mouvement ne soit pas coordonné au niveau européen, iels ont en commun de dénoncer la difficulté des conditions de travail ainsi qu’un manque de considération politique, ce que souligne Toute l’Europe

Iels reprochent également pour beaucoup au Pacte vert européen des ambitions intenables pour leur secteur, ce que certain·e·s eurodéputé·e·s réfutent en argumentant que de nombreux textes, dont la législation sur les produits phytosanitaires, ont été abandonnés. Une critique qui revient aussi concerne la complexité de la Politique agricole commune (PAC), ses lourdeurs administratives et récents retards de paiement.

La suspension des droits de douane sur les produits importés d’Ukraine suscite en outre des critiques en termes de concurrence déloyale pour les agriculteurs européens, soumis à des normes plus contraignantes. Cet argument revient aussi pour dénoncer l’accord de libre-échange avec le Mercosur et avec la Nouvelle-Zélande.

La Commission européenne a présenté jeudi 22 février de nouvelles propositions, examinées lundi 26 février par les ministres de l’Agriculture des Vingt-Sept. Parmi ses propositions, la Commission envisage de revoir certaines obligations environnementales, ou encore de réformer la PAC entérinée en 2021 pour exempter les petites exploitations de contrôles sur les conditions environnementales, d’après Le Monde.

Lucie Pons 04/03/2024

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